Des ours dans les Sapins !

Une histoire fabuleuse de Justin & Johan en vadrouille dans une région vinicole bordée de Sapins

Ce matin les jambes étaient lourdes, le boulevard Gambetta ne m’a jamais semblé aussi raide, sacré Léon!
Mais malgré ma petite taille, ma tête, elle, était encore dans les sapins, je parle bien sûr des sapins de la plus belle région du monde, le beaujolais.
Une fois n’est pas coutume, ce week-end, c’est moi qui ait embarqué notre Carna Bass national dans une aventure tri-athlétique.
Tout a commencé vendredi soir, où sous une pluie battante, digne d’un mauvais film d’apocalypse, nous avons parcourus les 450km séparant Cahors du beaujolais.

Le lendemain, la météo n’ayant pas changé, nous avons donc décidé d’annuler la séance déblocage à vélo et de profiter de la diffusion du prologue du tour de Suisse pour entamer une sieste bien méritée après n’avoir rien fait de la journée ! A notre réveil, le soleil pointait enfin le bout de son nez. C’est à ce moment-là que nous sommes allés chercher nos dossards et en avons profité pour donner notre avis sur le placement des bouées dans le lac à l’organisateur. En effet, ces dernières étant placées beaucoup trop loin de la rive, nous avons conseillé à nos tortionnaires, de les rapprocher au moins de moitié, afin de rendre cette mascarade un peu plus sérieuse ! De retour au bercail, nous avons opté pour une séance déblocage course à pied, profitant de l’occasion pour réveiller la marmotte qui me sert de soeur afin qu’elle se
joigne à notre séance du soir !
Quelques assiettes de pâtes et une bonne nuit de sommeil plus tard, nous voilà au départ du triathlon du lac des sapins. Et là, stupeur, les organisateurs n’ont absolument pas tenu compte de nos remarques pertinentes de la veille, les bouées sont toujours placées beaucoup trop loin de la rive, je me demande même si on ne les a pas reculées. Tant pis, plus le temps de reculer, tape sur l’épaule de papa ours et en avant la baignade, nous voilà partis pour une chouette partie de pêche au saumon.
Mais dans ce lac, faute de saumons, il n’y avait qu’une bande de 300 hurluberlus partis chercher une bouée jaune qui, au risque de me répéter était placée beaucoup trop loin de la rive!
La bande d’hurluberlus flottants étant trop agressive à mon gout, et n’aimant pas la tournure que prenaient les évènements je décidais alors d’accélérer le rythme afin de retrouver au plus vite mon fidèle compagnon à deux roues que j’ai lâchement abandonné quelques heures auparavant dans un parc qui sentait bon le baume du tigre et le néoprène !
Une fois de retour près de la rive, c’est avec bonheur que j’ai retrouvé papa ours qui visiblement en a également eu marre de faire trempette. Pas le temps de niaiser, la seconde épreuve de la journée nous attend, et elle s’annonce riche en acide lactique et en sapins. Le premier sapin, je vais le découvrir avec ma truffe, après une distance incroyable de 27,5m. En effet, au moment d’enfiler mes chaussures solidement accrochées aux pédales de ma bicyclette, le manque de lucidité me fait dériver jusque dans le fossé, sous les yeux moqueurs d’un certain coiffeur caladois, relayeur « cycliste » de la team beaujolais runners. Ma réputation en ces lieux est définitivement ruinée sur 3 générations!
Heureusement plus de peur que de mal, je parviens à ressortir du fossé sans mettre pied à terre, et m’élance pour une petite balade de 100km à travers les montagnes beaujolaises, est ce que j’ai déjà mentionné que cette région est la belle région du monde ?
Durant les premiers kilomètres, je me fait doubler, quel bonheur de ne plus être le vilain petit canard qui ne sait pas nager! Papa ours est là, il me surveille, mais dans la deuxième côte, le rythme accélère, n’étant pas encore totalement remis de notre baignade, sûrement le fait de n’avoir trouvé aucun saumon, je décide de le laisser prendre un peu d’avance. Dans la descente qui suit, je parviens à réduire l’écart, puis le col suivant me permettant de revenir à sa hauteur, je bascule juste avant lui et entame une descente à tombeau ouvert, bien décidé à esquiver les sapins qui sont susceptibles de traverser la route inopinément! Petit coup d’oeil dans le rétro, personne, tant pis, il reviendra bien dans la prochaine montée. Le premier tour n’ayant pas été assez long au gout des organisateurs, on me fait signe qu’il faut repartir pour
le second. C’est alors que je croise les amis et la famille venus m’encourager. Un petit signe à la marmotte photographe et un coup d’oeil vers le père en train de s’enfiler une livre de salade de pâtes qui lui servira à justifier honteusement sa contre-performance de l’après-midi, ce dernier étant le relayeur « coureur » de la team des beaujolais runners.
Après avoir fait bonne figure devant le public, je continue sereinement ma course, à un rythme que je juge plutôt bon, mais alors que j’attaque la seconde difficulté du tour, un petit groupe de poursuivants se rapproche doucement mais surement, de mon porte bagages. C’est le moment que je choisis pour satisfaire un besoin naturel, l’air de rien afin de ne pas leur laisser prendre l’ascendant psychologique en me doublant sans que je ne puisse réagir, pratiques ces sapins.
Dernière descente du parcours vélo, je reprends 2-3 méchants qui ont profité de ma pause pipi pour attaquer. Transition 2, mon papa est dans le parc à vélo, détendu, digérant sa salade de pâtes, sûrement en train de réfléchir à l’excuse qu’il va trouver pour s’être trainé durant 21km! Ne lui dites pas mais ça m’a quand même fait bien plaisir de le voir.
Je pars donc sur la course à pieds, remonté comme un coucou Suisse! Il ne me reste qu’à parcourir 21km à travers les sapins, et le tour sera joué! La seule question est de savoir si je vais reussir à resister au retour de mon père et de notre papa ours cadurcien, car je sais bien qu’il n’est pas très loin.
Mais la réponse ne se fait pas attendre, mes jambes sont comme neuves, je n’y crois pas, j’ai l’impression de voler au dessus des racines, et j’en profite pour remonter tous les vilains qui m’ont doublés en vélo!
A l’entame du deuxième tour, la famille et les amis sont là pour m’encourager, c’est bon, plus que 10km à tenir, mais je croise papa ours en pleine remontada, j’estime qu’il est environ à 1km derrière, ca va le faire, mes jambes ne semblent pas faiblir et le moral est au plus haut, je croise également mon papa qui m’encourage à pleins poumons, impossible de craquer dans de telles conditions! Dernière montée sous les encouragements du p’tit Marco, le nageur émérite du team beaujolais runners, bel esprit sportif, il sait rester digne même dans la défaite !
Il ne reste plus que 2km, je profite des derniers instants, du dernier passage devant les amis et la famille, et c’est l’arrivée! 6h06, je n’y crois pas, je suis complètement cramé, mais quel bonheur de terminer une course aussi belle, entouré de la famille et des amis et surtout devant le relais des beaujolais runners. Objectif remplit, nous pouvons rentrer sereinement à Cahors !
Papa ours arrive quelques minutes plus tard, trop bon de le retrouver sur la ligne d’arrivée, puis, juste à temps pour la dernière fournée de churros, mon papa arrive enfin. À en juger par la quantité de churros engloutis, la digestion de la salade de pâtes semble s’être bien passée, me voilà rassuré !

Comme vous l’avez compris, cette course fut une course extraordinaire pour moi, mon premier triathlon longue distance, parmi les sapins de mon enfance et les gens que j’aime dans la plus belle région du monde !
Je tiens à remercier particulièrement papa ours pour ce week-end de dingue, mon papa pour avoir fait exprès de manger trop de salade de pâtes afin qu’on ne le soupçonne pas de me laisser gagner ( il va falloir qu’on trouve une autre excuse pour la prochaine fois, car ça va se voir..), les amis relayeurs des beaujolais runners, ma maman et ma petite marmotte de soeur, ainsi que tous ceux qui sont venus nous encourager.

Une grosse bise a tous et à très vite!

bébé ours